Potentiel de réplication du projet pilote du parc Uhuru dans la perspective Kenyane
La ville de Nairobi au Kenya a une population d’environ 5 millions d’habitants au centre- ville, mais la population totale est estimée à environ 10,8 millions d’habitants dans la zone métropolitaine. La ville est confrontée au problème d’eau, car la production actuelle est d’environ 500 000 m3/jour, contre une demande de 800 000 m3/jour. Des infrastructures et des capitaux importants sont nécessaires pour combler ce fossé. Une stratégie qui contribuerait à réduire cet écart serait la bienvenue. La couverture du réseau d’égouts est estimée à environ 50 %, ce qui signifie que 50 % des habitants dépendent d’un système d’assainissement autonome, comme les fosses septiques, les épurateurs et les latrines à fosse dans les cas extrêmes. Une méthode qui permettrait de mettre en place une station d’épuration décentralisée ne nécessitant pas d’infrastructures lourdes comme les réseaux d’égouts serait la bienvenue.
La ville est également confrontée à de grands défis en matière de collecte des eaux usées et des boues de vidanges en raison de la croissance rapide de la population due à l’exode rural, qui a accéléré la croissance démographique. Les rivières de la ville sont fortement polluées en raison des débordements des réseaux d’égouts actuels et des déversements provenant de zones non connectées, comme le quartier de Focus. Le canal ouvert visible dans le parc Uhuru était initialement destiné à acheminer les eaux pluviales, mais il est actuellement utilisé pour acheminer les eaux pluviales mélangées aux eaux usées provenant du débordement de diverses zones et institutions.
À Nairobi, les systèmes de traitement des eaux usées les plus courants sont les étangs de stabilisation et les lagunes aérées, associés à des zones humides artificielles, ainsi que les systèmes de traitement conventionnels. Mais le principal problème est que ces systèmes nécessitent d’énormes infrastructures pour la collecte des eaux usées et leur transport vers un point central. Il est donc essentiel de mettre en place des systèmes décentralisés.
La photo de la page 4 (voir pièce jointe) représente l’une des rivières de Nairobi qui coule tout près d’un quartier informel ; cette photo montre la forte pollution de la rivière et de l’environnement. Cela a certainement aidé le gouvernement à créer la Commission de réhabilitation de la rivière de Nairobi qui vise à nettoyer cette rivière afin que l’eau qui y coule puisse être utilisée à d’autres fins. Le système dont il est question ici s’inscrit dans cette catégorie d’aide à la dépollution des rivières. L’initiative de mettre en place ce système décentralisé dans le parc Uhuru a été lancée à un niveau très élevé, lorsque le président de l’Estonie s’est rendu au Kenya et a échangé avec son homologue, le président du Kenya, autour des domaines de coopération bilatérale. Il en est ressorti que l’Estonie, assez avancée en termes de technologies, notamment dans le domaine du traitement de l’eau et des eaux usées, pourrait aider le Kenya à trouver des moyens très innovants pour traiter les eaux usées, et c’est ainsi que le dispositif Spacedrip a vu le jour. Le président estonien a désigné l’équipe Spacedrip qui l’accompagnait pour réaliser un projet pilote à Nairobi, et le gouvernement kenyan a désigné les services métropolitains de Nairobi et le Bureau Exécutif du président pour travailler sur le projet pilote. Il a été jugé approprié de piloter ce système dans un endroit très central, où d’autres dirigeants et institutions de tout le pays pourraient y avoir accès. C’est ainsi que le projet pilote a été mis en place dans le parc Uhuru (voir pièce jointe, page 7), l’un des principaux parcs de loisirs situé dans le quartier central des affaires de Nairobi. Toute personne venant se divertir dans le parc peut l’apercevoir. La carte (voir pièce jointe, page 6) présente en vert clair le parc Uhuru, qui occupe une position très centrale dans le quartier central des affaires de Nairobi, avec les principales institutions gouvernementales situées à proximité, y compris le Parlement, le bureau du Président, l’hôtel de ville, les grands hôtels et d’autres locaux commerciaux.
Le parc Uhuru a été choisi pour ce projet pilote parce qu’avant l’installation de ce système, l’eau potable était utilisée pour irriguer le parc, qui est une vaste zone de plus de 50 hectares, et cela entraînait une forte pression sur l’eau potable. En effet, la ville connaît déjà un déficit de 300 000m3/jour, et au lieu d’économiser l’eau, cette même eau est utilisée pour irriguer le parc. L’idée d’installer ce système dans le parc Uhuru était donc de s’assurer que les effluents traités par le système seraient utilisés pour irriguer le parc et, ce faisant, de contribuer à réduire la pression sur la demande en eau potable.
Aqua Consult Baltic a conçu la technologie permettant de se connecter à l’infrastructure d’irrigation du parc Uhuru, et il y a eu un partenariat sur la consultation pendant la mise en service et après six mois d’exploitation, l’installation a été remise à la société d’eau et d’assainissement de Nairabi (NCWSC). Ruji Africa a été le partenaire local de Spacedrip pour la préparation, la mise en oeuvre et le pilotage du système automatisé de traitement et de réutilisation des eaux usées. Nous avons déjà obtenu une mise à jour de l’évaluation de l’impact environnemental de la part d’un régulateur : l’Autorité nationale de gestion de l’environnement.
L’un des principaux avantages de ce système de réutilisation de l’eau est qu’il nécessite un espace très réduit et le système de conteneurs peut être installé à l’intérieur d’un bâtiment ou dans des zones plus petites, contrairement aux autres systèmes qui nécessitent d’immenses terrains (dans une ville comme Nairobi, les terrains sont très difficiles à obtenir). Il s’agit donc d’une solution pour les zones qui ne disposent pas de terrain. L’efficacité du système réside dans l’élimination totale des pathogènes dans une zone principale, car les effluents peuvent alors être utilisés à d’autres fins, comme l’irrigation. À l’avenir, les effluents de ce système pourraient également être utilisés pour la chasse d’eau des toilettes et le nettoyage, le cas échéant, compte tenu de la forte demande d’eau pour les services de nettoyage. Pour l’instant, en raison de la stigmatisation associée aux eaux usées, il est peut-être trop tôt pour commencer à parler de leur réutilisation en eau potable. Elles permettent déjà de réduire la pression sur l’eau potable, et on estime que l’adoption de cette technologie de réutilisation de l’eau par la plupart des grands consommateurs d’eau (comme le tourisme, les industries hôtelières, les établissements informels, les bâtiments commerciaux et résidentiels, l’industrie alimentaire…) pourrait contribuer à réduire la demande d’eau d’environ 50%, et la pression sur l’eau potable pourrait alors vraiment diminuer.
L’un des points importants de ce système est l’électricité, en raison de l’automatisation et du pompage au sein du système. Toutefois, ce problème pourra être résolu à l’avenir. Actuellement, le système intègre également le système solaire d’un partenaire qui produit une partie de l’électricité, en particulier pour l’automatisation et les opérations critiques du système. Mais à l’avenir, nous pensons que l’énergie solaire devrait devenir la principale source d’énergie en incorporant davantage de panneaux solaires et de batteries pour stocker l’énergie.
D’un point de vue financier, ce système est avantageux, notamment parce qu’il permet d’économiser sur le coût élevé de la construction de l’infrastructure nécessaire à la centralisation du système. C’est le principal coût qui s’applique au système d’assainissement. Cette technologie décentralisée qui ne nécessite pas de lourdes infrastructures et permet de réaliser une économie spécifique sur les coûts fait de ce système un grand avantage.
Le résultat de ce projet pilote est censé informer et conseiller les décideurs politiques et les aider à élaborer les règlements qui seraient nécessaires pour certaines institutions. Compte tenu de la consommation d’eau et des rejets d’une capacité donnée, il devrait être intéressant d’installer ce système de traitement et de réutilisation de l’eau dans les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie, dans les zones urbaines et commerciales, dans les établissements de construction et dans les industries de transformation alimentaires. Cela permettra au secteur privé d’accélérer la couverture en termes d’assainissement et de soutenir les efforts du personnel impliqué dans la gestion et le contrôle des demandes d’approvisionnement en eau. Ainsi, en plus de construire de nouvelles infrastructures qui conduisent une plus grande quantité d’eau, il est possible de mieux gérer la quantité disponible par le traitement et la réutilisation des effluents produits. C’est déjà le cas dans des bâtiments comme l’université locale de Nairobi, qui récupère tout l’eau qui arrive à l’intérieur du bâtiment pour la réutiliser ensuite dans les chasses d’eau. Cette idée n’est pas farfelue et son heure est venue. Les décideurs politiques doivent être conseillés à ce sujet afin d’élaborer les règlements nécessaires pour aider à gérer la distribution d’eau dans le pays.
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